Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/207

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uns de ses amis me prirent par la main, dans le dessein, comme je le présumai, de me mener à leurs habitations. Nous n’étions pas encore bien loin, que deux ou trois d’entre eux, je ne sais par quelle raison, ne voulurent pas que j’allasse plus loin. En conséquence, tout le monde s’arrêta ; et si je ne me trompai pas, l’un d’eux fut chargé d’aller me chercher quelque chose ; car ils me prièrent de m’asseoir et d’attendre, ce que je crus devoir faire. Dans cet intervalle, mes officiers vinrent nous joindre. Cette réunion parut causer de l’ombrage aux insulaires, et ils me pressèrent de retourner à la grève avec tant d’instance, que je fus obligé d’y consentir. Ils voyaient avec inquiétude nos excursions dans le pays, et même le long du rivage du havre. Sur ces entrefaites, notre ami Paoouang arriva avec un présent de fruits et de racines, que portaient environ vingt personnes ; j’imaginai que c’était dans la vue de le faire paraître plus considérable. L’un portait un régime de bananes, l’autre un igname, un troisième un coco, etc., assurément deux hommes auraient porté le tout fort à l’aise. Ce présent me fut fait en retour d’un don qu’il avait reçu dans la matinée ; je crus néanmoins devoir payer les porteurs.

» Ces insulaires me firent entendre d’une manière qui me parut fort claire qu’ils mangent de la chair humaine, et que la circoncision est pratiquée parmi eux. Ils entamèrent les premiers cette matière en me demandant si