Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/208

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nous mangions de cette chair ; sans cela, je n’aurais pas songé à leur adresser cette question. J’ai vu des personnes prétendre que la faim seule peut rendre une nation anthropophage, et rapporter ainsi cet usage à la nécessité. Les habitans de cette île forment au moins une exception à ce système, car ils ont des cochons, des poules, des racines et des fruits en abondance. Cependant, comme nous ne les avons pas vus manger de la chair humaine, quelques personnes pourront douter s’ils sont réellement cannibales.

» Durant la nuit, et toute la journée du 11, le volcan devint excessivement incommode : il grondait d’une manière terrible ; il lançait jusqu’aux nues des torrens de feu et de fumée à chaque explosion, dont l’intervalle n’était guère que de trois ou quatre minutes, et en même temps des pierres d’une prodigieuse grosseur : les petites colonnes de vapeurs qui s’élevaient des environs du cratère nous paraissaient être des feux allumés par les insulaires.

» Tous les matins, observe Forster, nous faisions de petites courses dans l’intérieur du pays. Différens détours nous conduisirent un jour à des habitations où des femmes apprêtaient le dîner : elles grillaient des racines d’ignames et d’eddoes sur un feu allumé au pied d’un arbre. Notre approche les fit tressaillir et les mit en fuite ; mais nos conducteurs les tranquillisèrent, et elles continuèrent leur opération. Nous nous assîmes au pied d’un arbre,