Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/213

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venu de son gré dans cette île, ou s’il avait été fait prisonnier. Les Indiens nous apprirent à cette occasion que leurs meilleures massues, faites de bois de casuarina, se tirent d’Irromanga ; de sorte qu’ils ont probablement des liaisons de commerce ou d’amitié avec les habitans de cette île. En comparant les traits de sa physionomie avec ceux des Indiens de Tanna, nous n’observâmes aucune différence remarquable ; il s’habillait et il s’ornait comme eux, ses cheveux étaient laineux et courts, mais non pas divisés en petites queues. Il était d’un caractère très-gai, et il paraissait plus disposé à rire qu’aucun des habitans de Tanna.

» Tandis que l’insulaire d’Irromanga chantait, les femmes sortirent de leurs huttes, et vinrent former un petit groupe autour de nous. En général, elles étaient d’une stature beaucoup moindre que celle des hommes ; elles portaient de vieux jupons d’herbes et de feuilles plus ou moins longs, suivant leur âge. Celles qui avaient des enfans, et qui semblaient âgées d’environ trente ans ne conservaient aucune des grâces de leur sexe, et leurs jupons touchaient à la cheville du pied. De jeunes filles d’environ quatorze ans avaient des traits fort agréables, et un sourire qui devint plus touchant à mesure que leur frayeur se dissipa. Elles avaient les formes sveltes, les bras d’une délicatesse particulière, le sein rond et plein ; elles n’étaient vêtues que jusqu’au genou. Leurs cheveux bouclés flottaient sur leur tête, ou