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étaient retenus par une tresse, et la feuille de bananier verte, qu’elles y portaient ordinairement, montrait avec plus d’avantage leur couleur noire. Elles avaient des anneaux d’écaille de tortue à leurs oreilles : nous remarquâmes que la quantité de leurs ornemens s’accroît avec l’âge : les plus vieilles et les plus laides étaient chargées de colliers, de pendans aux oreilles et au nez, et de bracelets. Il me parut que les femmes obéissaient au moindre signe des hommes, qui n’avaient pour elles aucun égard. Elles traînaient tous les fardeaux, et peut-être que ce genre de travail et de fatigue contribue à diminuer leur stature, car les charges ne sont pas toujours proportionnées à leur force.

» Les insulaires de Tanna présentèrent à nos yeux un exemple d’affection qui prouve que les passions et les bonnes qualités des hommes sont les mêmes dans chaque pays. Une petite fille d’environ huit ans, d’une physionomie intéressante, nous examinait furtivement entre les têtes des Indiens assis à terre. Dès qu’elle s’aperçut qu’on la regardait, elle alla en hâte se cacher dans la hutte. Je lui fis signe de revenir, et pour l’y engager, je lui montrai une pièce d’étoffe de Taïti ; mais je ne pus pas la déterminer à se rapprocher. Son père se leva, et à force de caresses il la ramena. Je pris la main de l’enfant, et je lui donnai l’étoffe avec de petits ornemens : la joie et le contentement se peignirent aussitôt sur le visage du père.