Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/215

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» Nous restâmes parmi ces insulaires jusqu’au coucher du soleil ; ils chantèrent et firent des tours d’adresse pour nous plaire. À notre prière, ils décochèrent leurs traits en l’air et contre un but ; ils ne les lancent pas à une hauteur extraordinaire, mais ils tirent avec beaucoup d’adresse à peu de distance, comme on l’a déjà observé. À l’aide de leurs massues, ils paraient les dards de leurs antagonistes à peu près comme les Taïtiens. Ils nous dirent que toutes les massues qui ont un tranchant latéral comme une flamme se tirent de l’Île-Basse, qu’ils appellent Immer ; mais nous n’avons pas découvert si elles y sont fabriquées par les naturels, ou si l’île est déserte, et s’ils y vont seulement par occasion pour y ramasser des coquillages et couper du bois.

» Avant notre départ des huttes, les femmes allumèrent différens feux dans l’intérieur et en dehors ; elles se mirent à apprêter leurs soupers. Les Indiens s’empressaient autour de ces feux ; il semblait que l’air du soir était un peu trop froid pour leurs corps nus. Plusieurs avaient à la paupière supérieure une tumeur que nous attribuâmes à la fumée dans laquelle ils sont toujours assis ; cette tumeur gênait tellement leur vue, qu’ils étaient obligés de pencher la tête en arrière, jusqu’à ce que l’œil fût dans une ligne horizontale avec l’objet qu’ils désiraient regarder : plusieurs petits garçons de cinq ou six ans avaient cette tumeur ; ce qui nous fit penser qu’elle