Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/220

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chantait à peu près sur le même ton que les chanteurs dont on a parlé plus haut. La perspective dont je jouissais approchait de celle de Taïti ; elle avait même un avantage, c’est que tout le pays, à une distance considérable autour de moi, présentait de petits monticules et des vallées spacieuses, toutes susceptibles de culture ; au lieu qu’à Taïti, des montagnes escarpées et sauvages s’élèvent tout à coup du milieu de la plaine, qui n’a nulle part deux milles de largeur. La plupart des plantations de Tanna sont en ignames, bananiers, eddoes et cannes à sucre. Toutes ces plantes, étant fort basses, permettent à l’œil d’embrasser une grande étendue de terrain. Des arbres touffus occupent çà et là des espaces solitaires, et produisent des scènes très-pittoresques. Le sommet de la colline plate, qui borde une partie de l’horizon, paraît festonné de petits bosquets ou les palmiers élèvent leurs têtes par-dessus les autres arbres.

» Ceux qui savent jouir des beautés de la nature concevront le plaisir qu’on goûte à la vue de chaque petit objet minutieux en lui-même, mais important au moment où le cœur s’épanouit et qu’une espèce d’extase transporte les sens. On contemple alors avec ravissement la face sombre des terres préparées pour la culture, la verdure uniforme des prairies, les teintes différentes et la variété infinie des feuillages. Un pareil spectacle dans toute sa perfection était ici étalé à mes regards : quelques ar-