Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/221

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bres réfléchissaient mille rayons ondoyans, tandis que d’autres formaient de grandes masses d’ombrages en contraste avec les flots de lumière qui couvraient tout le reste ; les nombreux tourbillons de fumée qui jaillissaient de chaque bocage offraient l’idée de la vie domestique : mes pensées se portèrent naturellement sur le bonheur de ce peuple, en considérant ces vastes champs de bananiers qui m’environnaient de toutes parts, et qui, par leurs fruits, me paraissaient avoir été choisis avec raison pour les emblèmes de la richesse et de la paix. Le paysage, à l’ouest, n’était pas moins admirable que celui dont je viens de parler ; la plaine y était entourée d’un grand nombre de collines fertiles, revêtues de bois entremêlés de plantations ; et par-derrière s’élevait une chaîne de hautes montagnes qui ne sont pas inférieures à celles des îles de la Société, quoiqu’elles semblent être d’une pente plus aisée. J’examinai cette scène champêtre du milieu d’un groupe d’arbres que les liserons et d’autres plantes grimpantes enlaçaient de leurs fleurs odorantes. La richesse du sol est prodigieuse ; car des palmiers déracinés par les vents et couchés à terre avaient poussé de nouveaux branchages. Du milieu du feuillage, différens oiseaux, ornés des plus belles couleurs, m’égayaient par leurs chants ; la sérénité de l’air et la fraîcheur de la brise contribuaient d’ailleurs à l’agrément de ma situation. Mon esprit, entraîné par cette suite d’idées douces, se livrait