Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/230

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moins éloignée. Je me donnai assez de peine pour savoir jusqu’où s’étendaient leurs connaissances géographiques, et je trouvai qu’elles ne passaient pas les bornes de leur horizon.

» Ces insulaires sont d’une médiocre stature et minces de taille ; on en voit beaucoup de petits, peu de gros ou de robustes, et ils sont bien de figure ; mais on remarque rarement à Tanna ces beaux traits si communs parmi les insulaires des îles de la Société, des Amis et des Marquésas. Je n’ai pas trouvé un seul homme gras ; ils sont tous pleins de vivacité et de feu ; ils ont le nez large, les yeux pleins et doux. La physionomie de la plupart est ouverte, mâle et prévenante. Ils sont, comme les peuples des tropiques, agiles et dispos ; ils excellent à manier leurs armes, et montrent de l’aversion pour le travail ; jamais ils ne voulurent nous aider en quelque ouvrage que ce fût, tandis que les habitans des autres îles s’en faisaient un plaisir : leur penchant pour l’oisiveté se manifeste surtout par la manière indigne dont ils traitent les femmes, qui ne sont proprement que des bêtes de somme. J’en ai vu marcher une ayant un gros paquet et un enfant sur le dos, et un autre paquet sous le bras, tandis qu’un jeune homme, qui allait devant elle, ne tenait à la main qu’une massue ou une lance. Nous avons fréquemment observé le long de la plage, sous l’escorte d’un certain nombre d’hommes armés, de petits troupeaux de femmes chargées de fruits et de racines ;