Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/243

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sans que je m’en aperçusse, et par-là perdit le présent que je voulais lui faire.

» Ayant le 6 mis à terre à l’endroit où nous débarquâmes la veille, nous longeâmes la grève, qui était sablonneuse et bornée par un hallier épais ; nous atteignîmes bientôt une cabane, d’où des plantations se prolongeaient derrière la grève et le bois : nous parcourûmes ensuite un canal qui arrosait les plantations, mais dont l’eau était très-saumâtre. De là nous gravîmes une colline qui était près de nous, et où le pays paraissait changé ; la plaine était revêtue d’une couche légère de sol végétal sur lequel on avait répandu des coquilles et des coraux brisés pour le marner, parce qu’il était très-sec. L’éminence, au contraire, était un rocher composé de gros morceaux de quartz et de mica ; il y croissait des herbes d’environ deux ou trois pieds de haut ; mais elles étaient fréquemment très-clair-semées ; et à quarante-cinq ou soixante pieds les uns des autres, nous vîmes de grands arbres noirs à la racine, qui avaient une écorce parfaitement blanche, et des feuilles longues et étroites comme nos saules. Ils étaient de l’espèce que Linné appelle melaleuca leucadendra, et Rumphius, arbor alba. Ce dernier écrivain dit que les habitans des Moluques tirent l’huile de cayputi des feuilles, qui sont extrêmement odorantes ; on n’apercevait pas le moindre arbrisseau sur cette colline, et la vue se portait fort loin, sans être interceptée par les bois. Nous distinguâmes de là une ligne