Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/256

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guerre. Ils indiquèrent aussi un tertre, ou tumulus sépulcral, où était enterré un de leurs chefs tué par un naturel de Mingha. Comme quelques-uns des matelots rongeaient des os de bœuf sur la fin du souper, les Indiens se mirent à causer entre eux d’un ton fort haut et avec agitation ; ils regardaient nos gens d’un air surpris et dégoûté ; enfin ils s’en allèrent tous ensemble, témoignant par des signes qu’ils soupçonnaient les étrangers de manger de la chair humaine. M. Pickersgill essaya de les détromper ; mais il ne put se faire entendre : cela eût été d’autant plus difficile, que les insulaires n’avaient jamais vu de quadrupèdes en vie. »

Forster fut très-affligé de ce qu’une maladie l’eût mis hors d’état d’être de ce voyage. À cette occasion il fait une remarque bien humiliante pour la plupart de ses compagnons de voyage. « Nos recherches, dit-il, rencontraient des obstacles dans ceux-mêmes qui auraient dû nous donner toutes sortes de secours. Les sciences et la philosophie ont toujours été méprisées des ignorans, et nous avons partagé cette disgrâce sans murmurer. Mais comme nous ne pouvions pas acheter avec de l’or la bienveillance de chaque petit tyran, on nous empêchait de profiter des observations des autres. Des faits connus de tous ceux qui nous entouraient restaient des mystères impénétrables pour nous. Il est extraordinaire sans doute que des hommes occupés de sciences, envoyés