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Nous fûmes contraints de rester à la cape jusqu’au jour. Les vents soufflaient avec impétuosité du sud-sud-ouest, et la mer devint si grosse, que nous eûmes tout lieu de nous applaudir d’être sortis des écueils avant d’avoir été surpris par ce temps orageux. Quoique tout me fît penser que c’était la mousson de l’ouest, il était difficile de le croire. Premièrement, il s’en fallait encore de près d’un mois que la saison ne fût assez avancée pour ces vents : en second lieu, nous ne savions point si ces mêmes vents règnent jamais dans ces parages ; et enfin il est très-ordinaire de voir les vents d’ouest souffler entre les tropiques. Néanmoins je n’avais jamais trouvé que ces vents soufflassent avec tant de violence, ni si loin au sud. Quoi qu’il en soit, il ne nous restait d’autre parti que de faire route au sud-est, et c’est aussi ce que je fis. À midi, nous avions perdu de vue la terre.

» Les vents impétueux continuèrent, sans presque aucun changement, jusqu’au lendemain à midi ; alors on eut un faible vent du sud et de grosses lames de cette même direction. On vit des compagnies de pailles-en-cul, de fous et de frégates.

» Le 3, vers les huit heures du matin, le vent passa au sud-ouest par rafales, reprit sa première impétuosité, et fut accompagné de grains. Je perdis alors toute espérance de nous rallier de la terre que nous venions de quitter. En considérant la vaste étendue de mer que nous