Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/271

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avions à parcourir au sud, l’état du vaisseau, et le défaut d’approvisionnemens de première nécessité que je commençais à ressentir ; que d’ailleurs nous touchions à l’été de cette partie du globe, et que tout accident un peu considérable pourrait nous retenir encore une autre année dans cette mer, je ne pensai point qu’il fût prudent d’essayer de nouveau de regagner la terre. La nécessité nous contraignit donc pour la première fois de quitter une côte que j’avais découverte sans l’avoir entièrement reconnue. Je nommai cette terre la Nouvelle-Calédonie ; elle est peut-être, la Nouvelle-Zélande exceptée, la plus grande île de l’Océan, elle a environ quatre-vingt-sept lieues de long ; mais sa largeur n’est pas considérable, et rarement elle excède dix lieues. C’est une contrée tout entrecoupée de montagnes de différentes hauteurs, qui laissent entre elles des vallées plus ou moins profondes. De ces montagnes, s’il est permis de juger du tout par les parties que nous avons vues, sortent une infinité de sources, dont les eaux qui serpentent dans les plaines, portent partout la fertilité, et fournissent aux besoins des habitans. Les sommets de la plupart de ces montagnes semblent stériles, quoique les flancs soient couverts de bois par-ci par-là, comme le sont les vallées et les plaines. La terre étant ainsi coupée de montagnes, plusieurs parties de la côte, vues dans l’éloignement, paraissent dentelées ; on croirait qu’il se trouve de grandes ouvertures entre les