Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nussions. Je leur demandai pourquoi ils avaient paru nous craindre ; ils répondirent d’une manière si ambiguë, que tout ce que nous y pûmes comprendre, c’est qu’il était question de meurtre.

» Ils avaient des vêtemens vieux, déchirés et sales. Leurs cheveux flottaient en désordre ; ils exhalaient au loin la puanteur. Je remarquai qu’après nous avoir parlé de batailles et de morts, ils nous demandaient de temps en temps si nous étions fâchés, et ils semblaient douter de la sincérité de nos protestations d’amitié. Nous craignîmes qu’il ne fût arrivé une dispute entre les naturels et l’équipage de quelque vaisseau européen : le sort de l’Aventure nous inquiétait : nous employâmes tous les moyens possibles pour gagner la confiance des naturels ; et nous y réussîmes.

» Le 25, de très-bonne heure, nos amis se rendirent à bord, conformément à leur promesse de la veille : ils avaient avec eux quantité de beaux poissons, qu’ils échangèrent pour des étoffes de Taïti.

» L’un d’eux, d’un moyen âge, qui semblait être le principal personnage de cette petite troupe, nous dit qu’il s’appelait Piteri ; il nous témoigna plus d’amitié que les autres. Nous les quittâmes en admirant leur courage, qui dédaignait de se cacher au moment où ils craignaient que nous ne profitassions de notre supériorité de nombre ; nous ignorions alors combien ils avaient lieu de craindre notre res-