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nale de l’île située en face du bord, je remarquai qu’une grande quantité de nigauds font leurs nids dans les fentes des rochers. Nous en tuâmes plusieurs des vieux, mais nous ne pûmes pas approcher des jeunes. Une multitude innombrable de ces oiseaux construisent leurs nids tout près les uns des autres ; l’instinct leur a appris à choisir pour cela l’endroit où les rochers font une saillie au-dessus de la mer, et les plus perpendiculaires, afin que, si les petits tombent, ils ne se blessent point et culbutent dans l’eau. Le schiste dont les rochers sont composés dans cette partie de l’île n’est pas très-dur ; il est cependant surprenant que ces oiseaux aient pu y faire des trous, et en agrandir assez les cavités naturelles pour que leurs petits y trouvent des places suffisantes ; ces nigauds retournaient toujours à leurs nids dès que nous avions tiré un coup de fusil, et s’envolaient si pesamment, que nous ne trouvions pas beaucoup de difficulté à les tirer au vol. Les Français les ont appelés nigauds aux îles Falkland, à cause de leur stupidité, qui paraît si grande, qu’ils ne peuvent apprendre à éviter la mort.

» Sur la côte est de l’île nous aperçûmes des oies ; à peine eûmes-nous débarqué que nous en tuâmes trois. Elles étaient remarquables par la différence de couleur entre le mâle et la femelle. Le jar était un peu moindre qu’une oie ordinaire apprivoisée, et parfaitement blanc, excepté les pieds, qui étaient jaunes, et le bec, qui était noir. La femelle, au contraire, était