Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/31

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» Après avoir passé quelque temps à terre, on revint au canot. Le capitaine donna plusieurs coups à un des matelots qui venait de manquer à son devoir. Je ne rapporterais point cette circonstance minutieuse, si les naturels n’avaient pas fait une observation fort intéressante. Dès qu’ils s’en aperçurent, ils se montrèrent l’un à l’autre le capitaine, en s’écriant tape ê hai te tina, il bat son frère. Ils voyaient très-bien l’autorité du commandant sur l’équipage ; mais ils nous regardaient tous comme frères. Je pense qu’ils transposaient parmi nous les idées de subordination qui règnent chez eux ; ils se regardent probablement comme une famille dont l’aîné est chef ou roi. N’étant pas encore parvenus au même degré de civilisation que les Taïtiens, ils ne connaissent guère les différences de rang, et leur constitution politique n’a pas acquis une forme monarchique déterminée. Ils ne montrèrent ni respect, ni égards particuliers pour leur roi Honou, qui vint nous voir le second jour après notre arrivée. Toute sa prééminence semblait consister dans son habillement, plus complet que celui de ses Indiens, qui, par choix, ou par indolence, vont nus dans ce climat des tropiques, où l’on n’a pas besoin de vêtemens.

» Comme cette île ne devait pas nous fournir ce dont nous avions besoin, et que nous pouvions espérer de le trouver à celles de la Société, que d’ailleurs elle n’était pas commode pour y faire du bois et de l’eau, et donner au