Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/81

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à bord ; elle était très-jeune, d’une petite taille, et sa beauté n’avait rien de remarquable ; mais, très-versée dans l’art de demander des présens, elle allait sur chaque partie du vaisseau, rassemblant une grande quantité de grains de verroterie, de clous, de chemises et de plumes rouges, que chacun s’empressait de lui donner, parce que aimions tous son mari. Oedidi nous nous apprit qu’il désirait beaucoup de s’établir à Taïti, parce que ses amis lui offraient des terres, une maison, et des propriétés de toute espèce ; il était agrégé à la famille d’un eri, estimé par le roi lui-même, et respecté de tous les insulaires ; et même un de ses amis lui avait donné un domestique, ou teouteou, qui, ne le quittant jamais, exécutait ponctuellement ses ordres, et qui enfin par sa soumission et son obéissance ressemblait à un esclave.

» Quoique Oedidi eût renoncé au projet de venir en Angleterre, Houno, jeune homme plein d’intelligence, souhaitait de visiter cette contrée ; il pria instamment mon père, ainsi que plusieurs autres de nos messieurs, de le prendre à bord. Mon père ayant proposé de se charger de tous les frais, le capitaine Cook y consentit sur-le-champ ; et on annonça au Taïtien qu’il devait s’attendre à ne jamais revoir sa patrie, parce que peut-être on n’enverrait pas un autre vaisseau à Taïti. Houno était trop empressé de partir pour que cette difficulté l’arrêtât ; il sacrifia l’espoir de retourner dans son pays au plaisir de connaître le nôtre ; mais le