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à droite ou à gauche, ils échappaient facilement et d’une manière aisée à toutes les atteintes qu’on essayait de leur porter. Il me sembla que, lorsqu’un combattant avait paré les coups de l’autre, il ne profitait pas de l’avantage qui s’offrait à lui. Par exemple, après avoir paré un dard, il se tenait toujours sur la défensive, laissait son antagoniste en prendre un autre, et ne profitait pas du temps pour le transpercer. Ces champions ne portaient aucun vêtement superflu. Les spectateurs leur enlevèrent une ou deux pièces d’étoffe dont ils étaient couverts, et ils nous les donnèrent. Dès que le combat fut fini, la flotte partit sans suivre aucun ordre. Chaque bâtiment s’empressa de gagner le large le premier, et nous allâmes avec O-tou à un de ses chantiers, où on construisait deux grandes pahiés ; chacune avait cent huit pieds de long. On était prêt à les lancer, et on voulait en faire une double pirogue. Le roi me demanda un grappin et une corde ; j’y ajoutai un petit pavillon anglais et une flamme (dont il connaissait très-bien l’usage), et je le priai de donner à la pahié le nom de Britannia. Il y consentit, et elle reçut effectivement ce nom.

» L’homme qui commandait la manœuvre, avec une baguette à la main, observe Forster, peut être comparé au ϰελενςης des navires des anciens Grecs ; et cette flotte de Taïti nous rappela souvent les forces navales qu’employait cette nation dans les premiers temps de son histoire. Les Grecs étaient sans doute mieux