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armés, parce qu’ils faisaient usage des métaux ; mais on voit par les écrits d’Homère qu’ils combattaient sans ordre, et que leurs armes étaient aussi simples que celles de Taïti. Les efforts réunis de la Grèce contre Troie ne furent guère plus considérables que l’armement d’O-tou contre l’île d’Eiméo, et il y a apparence que les mille carinæ, si célébrées, n’étaient guère plus formidables qu’une flotte de grandes pirogues, qui exigent chacune de cinquante à cent vingt hommes pour les manœuvrer. La navigation des Grecs ne surpassait pas celle des Taïtiens d’aujourd’hui par son étendue, car elle se bornait à de courtes traversées d*une île à l’autre ; et comme les étoiles, pendant la nuit, dirigeaient les navigateurs dans l’archipel, elles guident aussi les insulaires du grand Océan. Les Grecs avaient de la bravoure, les blessures nombreuses des chefs de Taïti sont des preuves de leur courage et de leur intrépidité. Il paraît que dans les batailles leur imagination s’exalte jusqu’à la frénésie, et que leur bravoure est toujours en accès. D’après les combats d’Homère, il est évident que l’héroïsme qui produisait les exploits que chante le poète grec était exactement de la même nature. Qu’il nous soit permis de prolonger encore un peu cette comparaison. On nous peint les héros d’Homère comme des hommes d’une taille et d’une force plus que naturelles ; les chefs de Taïti, comparés au bas peuple, sont si supérieurs par leur stature et l’élégance de