Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/26

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enveloppé de brouillards, et leurs flancs d’une neige qui se prolongeait jusqu’au bord de l’eau, il aurait été difficile de prononcer si ce que nous avions devant les yeux était une terre ou une île de glace, sans les rochers creux qui nous offrirent l’aspect de leurs cavernes noires.

» Nous sondâmes ; mais une ligne de deux cents brasses ne rapporta point de fond. À huit heures, le temps, qui avait été très-brumeux, s’éclaircissant, nous vîmes le cap Bristol qui se terminait en une pointe au nord, au delà de laquelle nous ne pouvions pas apercevoir de terre. Cette découverte nous délivra de la crainte d’être portés par la houle sur la plus affreuse côte du monde, et nous continuâmes à marcher au nord toute la nuit avec un vent léger de l’ouest.

» Le 1er. février, à quatre heures du matin, nous découvrîmes une nouvelle côte qui, à six heures, nous restait au nord-est. Nous reconnûmes ensuite que c’était un promontoire, que je nommai cap Montague : il est à sept ou huit lieues au nord du cap Bristol. La terre se montrait d’espace en espace entre ces deux caps, ce qui me fit conclure que toutes ces côtes sont liées entre elles. Je fus fâché de ne pouvoir pas déterminer ce point avec plus de certitude ; mais la prudence ne permettait pas de me hasarder près d’une côte sujette à des brumes épaisses et dépourvue de mouillage, où chaque port était bloqué et rempli de glace, et tout le pays, depuis le sommet des montagnes