Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en abondance, et on en chargea deux bateaux.

» En redescendant, nous voulûmes voir l’anse où les gens du capitaine Furneaux avaient été massacrés. J’y rencontrai mon vieil ami Pedro, qui ne m’avait presque pas quitté lors de ma dernière relâche dans ce port ; lui et un autre de ses compatriotes se présentèrent sur la grève, armés de leurs patous et de leurs piques, et ils nous reçurent avec un air de cérémonie. J’ignore si cette réception leur fut dictée par la politesse ou par la crainte : je crus qu’elle annonçait de la frayeur ; s’ils en éprouvaient réellement, les présens qu’ils reçurent de moi la dissipèrent bientôt : mes largesses engagèrent deux ou trois individus de cette tribu à s’approcher de nous ; la plupart des autres se tinrent si éloignés, que nous ne pûmes distinguer leur figure.

» Tandis que nous étions à cet endroit, nous eûmes la curiosité d’apprendre des détails sur la mort tragique de nos dix compatriotes, et O-maï nous servit d’interprète. Pedro et les autres naturels auxquels nous nous adressâmes répondirent à toutes nos questions sans montrer aucune réserve, et comme des hommes qui ne craignent pas d’être punis d’un crime dont ils sont innocens. Nous savions déjà qu’aucun d’eux n’avait eu part au massacre : ils nous dirent que nos gens dînaient environnés de plusieurs des naturels ; que quelques-uns de ceux-ci dérobèrent ou enlevèrent du pain et du poisson ; que notre détachement irrité