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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/122

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mener en Europe. J’ignore si, d’après l’accueil qu’il avait reçu en Angleterre, il comptait qu’on lui fournirait des secours contre les ennemis de son père et de sa patrie, ou s’il s’imaginait que son courage et la supériorité de ses connaissances suffiraient pour chasser les conquérans d’Ouliétéa ; mais du moment où nous partîmes de Londres, il ne cessa de parler de ses projets contre les tyrans de Bolabola. Il ne voulut pas écouter les remontrances que nous lui fîmes sur une résolution si folle ; il entrait en colère lorsque nous lui donnions, pour son avantage, des avis plus modérés et plus raisonnables. Infatué de son grand projet, il affectait de croire que les guerriers de Bolabola abandonneraient l’île d’Ouliétéa dès qu’ils apprendraient son arrivée à Taïti. Ses illusions néanmoins diminuèrent durant notre navigation, et lorsque nous abordâmes aux îles des Amis, il était si inquiet sur les dispositions de ses compatriotes à son égard, qu’il songea à s’établir à Tongatabou, sous la protection de Finaou, comme je l’ai dit ailleurs. Il y dissipa, sans aucune nécessité, une partie de ses trésors ; et, ainsi que je l’ai raconté plus haut, il ne fut pas moins imprudent à Tierebou, où il ne pouvait chercher des amis, puisqu’il ne voulait point y demeurer. Il continua ses prodigalités à Matavaï, jusqu’à l’instant ou j’y mis fin ; et il forma des liaisons si peu convenables, qu’O-tou, disposé d’abord à le protéger, témoigna hautement son dédain pour lui. Cependant il aurait encore pu recouvrer