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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/14

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sais les maîtres de prononcer sur ce point.

» J’eus la satisfaction de voir qu’ils ne délibérèrent pas un moment ; ils approuvèrent mon projet d’une voix unanime et sans élever aucune objection. J’ordonnai au capitaine Clerke de proposer la même chose à son équipage, qui s’imposa d’aussi bon cœur la même abstinence. On ne servit donc plus de grog, excepté les samedis au soir ; nous en donnions ces jours-là une ration entière à nos gens, afin qu’ils pussent boire à la santé de leurs amis d’Angleterre, et que les jolies filles de Taïti ne leur fissent pas oublier tout-à-fait leurs anciennes liaisons.

» Le lendemain nous commençâmes quelques travaux indispensables ; on examina les provisions, on ôta les tonneaux de bœuf ou de porc, et le charbon du lieu qu’ils occupaient, et on mit du lest en leur place ; on calfata les vaisseaux qui en avaient grand besoin ; car durant notre dernière traversée ils avaient souvent eu des voies d’eau. J’envoyai à terre le taureau, les vaches, les chevaux et les moutons, et je chargeai deux hommes de les surveiller au milieu des pâturages. Je ne voulais laisser aucun de nos quadrupèdes dans cette partie de l’île.

» Malgré la pluie, qui fut presque continuelle le 15 et le 16, les insulaires vinrent nous voir de tous les cantons, car la nouvelle de notre arrivée se répandit promptement. Ouaheïadoua, qui se trouvait très-éloigné du lieu de notre mouillage, la sut bientôt ; et l’après-dî-