Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois. Ils me dirent que cet exercice, appelé éhororoé dans la langue du pays, est très-commun parmi eux. Ils ont vraisemblablement plusieurs amusemens de cette espèce, qui leur procurent au moins autant de plaisir que nous en donne l’exercice du patin, le seul de nos jeux dont les effets puissent être comparés à ceux que je viens de décrire.

» La langue de Taïti, radicalement la même que celle de la Nouvelle-Zélande et des îles des Amis, n’a pas leur prononciation gutturale, et elle manque de quelques-unes des consonnes qui abondent dans les deux derniers dialectes. Elle a pris la douceur et la mollesse des habitans. J’avais rassemblé, durant le second voyage du capitaine Cook, un long vocabulaire d’après lequel je me suis trouvé en état de comparer ce dialecte au dialecte des autres îles. Durant celui-ci, je n’ai laissé échapper aucune occasion de m’instruire davantage sur l’idiome de Taïti ; j’ai eu de longues conversations avec O-maï avant d’arriver aux îles de la Société, et j’ai fréquenté les naturels pendant nos relâches le plus que j’ai pu. Cet idiome est rempli d’expressions figurées très-belles ; et si on le connaissait parfaitement, je suis persuadé qu’on le mettrait au rang des langues dont on estime le plus la hardiesse et l’énergie des images. Ainsi les Taïtiens, pour exprimer avec emphase les idées qu’ils se forment de la mort, disent que l’âme va dans les ténèbres, ou plutôt dans la nuit. Lorsque l’on a l’air de douter qu’une