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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/163

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telle femme soit leur mère, ils répondent sur-le-champ avec surprise : Oui, c’est la mère qui m’a porté dans son sein. Une de leurs tournures répond précisément à cette tournure des livres saints : les entrailles sont émues de douleur ; ils s’en servent toujours quand ils éprouvent des affections morales qui les tourmentent. Ils supposent que le siége de la douleur causée par les chagrins, les désirs inquiets et les diverses affections de l’âme, est dans les entrailles, et ils supposent de plus que c’est le siége de toutes les opérations de l’esprit. Leur langue admet ces inversions de mots qui placent le latin et le grec bien au-dessus de la plupart de nos langues modernes de l’Europe, si imparfaites, que, pour prévenir les ambiguïtés, elles sont réduites à arranger servilement les mots les uns après les autres. Elle est si riche, qu’elle a plus de vingt termes pour designer le fruit à pain dans ses différens états ; elle en a autant pour la racine de taro, et environ dix pour le coco. J’ajouterai qu’outre le dialecte ordinaire, les Taïtiens ont une langue qu’on, peut appeler la langue plaintive, et qui forme toujours des espèces de stances, ou un récitatif.

» Leurs arts sont en petit nombre, et bien simples : néanmoins, si on doit les en croire, ils font avec succès des opérations de chirurgie que nous n’avons pas encore pu imiter, malgré nos connaissances étendues. Ils environnent d’éclisses les os fracturés ; et si une partie de l’os s’est détachée, ils insèrent dans le vide un