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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/164

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morceau de bois taillé comme la partie de l’os qui manque : cinq ou six jours après, le rapaou ou le chirurgien examine la blessure, et il trouve le bois qui commence à se recouvrir de chair ; ils ajoutent qu’en général ce bois est entièrement couvert de chair le douzième jour : qu’alors le malade a repris ses forces, qu’il se baigne, et qu’il ne tarde pas à guérir. Nous n’ignorons pas que les blessures se guérissent sur des balles de plomb, et quelquefois, mais rarement, sur d’autres corps étrangers ; mais je doute d’autant plus de l’opération dont je viens de parler, qu’en d’autres occasions, j’ai vu les Taïtiens bien lion d’une si grande habileté. J’aperçus un jour une moitié de bras qu’on avait coupée à un homme qui s’était laissé tomber d’un arbre, et je n’y remarquai rien qui annonçât un chirurgien fort habile, même en n’oubliant pas que leurs instrumens sont très-défectueux. Je rencontrai un autre homme qui avait une épaule disloquée ; il s’était écoulé quelques mois depuis l’accident, et personne n’avait su la remettre, quoique ce soit une des opérations les moins difficiles de notre chirurgie. Ils savent que les fractures et les luxations de l’épine du dos sont mortelles, et qu’il n’en est pas de même de celles du crâne ; ils savent aussi, par expérience, en quelles parties du corps les blessures sont incurables. Ils nous ont montré plusieurs cicatrices, suite des coups de pique qu’ils avaient reçus : si les coups pénétrèrent réellement aux endroits qu’on indiqua, nous les aurions sûre-