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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/18

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rentes couleurs qui le couvraient et qui flottaient sur les bords produisaient un joli effet : on y voyait, entre autres ornemens, un morceau de drap écarlate de douze à quinze pieds de longueur, que les insulaires avaient sûrement reçu des Espagnols. Ce drap, et quelques glands de plumes que nos messieurs supposèrent de soie, leur donnèrent l’idée d’une chapelle catholique ; leur imagination suppléa à ce qui manquait d’ailleurs ; et s’ils n’avaient pas été instruits auparavant du séjour des Espagnols, ils n’auraient jamais fait une pareille méprise. Je jugeai que les naturels apportaient chaque jour à ce sanctuaire des offrandes de fruits et de racines, car il y avait des fruits et des racines tout frais. Ils les déposaient sur un ouhatta (un autel) placé en dehors de quelques palissades, qu’il n’est pas permis de franchir. Deux gardes veillaient nuit et jour sur le temple ; ils devaient de plus le parer dans l’occasion : en effet, lorsque j’allai l’examiner une première fois, l’étoffe et les draperies étaient roulées ; mais, à ma prière, ils le revêtirent de ses ornemens, après avoir pris eux-mêmes des robes blanches très-propres. Ils me dirent que le chef était mort depuis vingt mois.

» Le 22, nous avions embarqué de l’eau, et achevé ceux de nos travaux que je crus indispensables ; je fis ramener à bord le bétail et les moutons que j’avais envoyés dans les pâturages du pays, et je me disposai à remettre en mer.