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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/25

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vigne, et les grappes se trouvant encore aigres, ils jugèrent que c’était une espèce de poison, et ils résolurent unanimement de fouler aux pieds le cep. O-maï, ayant rencontré ce cep par hasard, fut enchanté de sa découverte ; car il était persuadé que, s’il avait une fois des raisins, il lui serait aisé de faire du vin. Il se hâta d’en couper plusieurs boutures, qu’il voulait emporter dans sa patrie ; nous taillâmes le cep, qui n’était pas déraciné, et nous bêchâmes la terre tout alentour. Il est probable que les habitans de l’île, devenus plus sages par les instructions d’O-maï, laisseront mûrir le fruit, et qu’ils ne le condamneront plus d’une manière si précipitée.

» Quarante-huit heures après notre arrivée dans la baie de Matavaï, nous reçûmes la visite de nos anciens amis dont parle la relation de mon second voyage. Aucun d’eux ne se présenta les mains vides, et nous eûmes des provisions par-delà ce qu’il nous en fallait ; mais ce qui nous fit encore plus de plaisir, nous ne pouvions pas épuiser l’île, où nous apercevions de toutes parts une multitude intarissable de productions et d’animaux propres à notre subsistance.

» L’un des naturels que les Espagnols avaient emmené à Lima vint nous voir également ; on ne pouvait, à ses manières et à son extérieur, le distinguer du reste de ses compatriotes. Il se souvenait cependant de quelques mots espagnols qu’il avait appris et qu’il pro-