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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/26

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nonçait très-mal : il répétait surtout fréquemment si segnor ; et lorsque nous nous approchions de lui, il ne manquait pas de se lever, et de se faire entendre le mieux qu’il pouvait avec son petit vocabulaire européen.

» Nous rencontrâmes aussi le jeune homme que nous appelâmes autrefois Oedidi, mais dont le véritable nom est Hité-hité ; il s’était embarqué avec moi à Ouliétéa, en 1773, et je l’avais ramené dans sa patrie en 1774, après l’avoir conduit aux îles des Amis, à la Nouvelle-Zélande, à l’île de Pâques et aux Marquésas, traversées qui durèrent sept mois. Il s’efforçait, comme celui dont je viens de parler, de nous montrer sa politesse, et de s’exprimer dans notre langue ; il disait yes, sir, ou bien if you please, sir (oui, monsieur, ou s’il vous plaît, monsieur), aussi souvent que l’autre répétait si segnor. Hité-hité, qui est natif de Bolabola, était à Taïti depuis trois mois, et, selon ce que nous apprîmes, sans autre dessein que de satisfaire sa curiosité, ou peut-être la passion de l’amour, qui anime tous les habitans des îles de la Société : les insulaires qui voyagent d’une terre à l’autre ne paraissent pas avoir d’autre but. Nous vîmes clairement qu’il préférait à nos modes, et à nos parures celles de ses compatriotes ; car, lorsque je lui eus donné des habits[1] que le bureau de l’amirauté m’avait chargé de lui remettre, il les

  1. Je lui donnai en outre une caisse d’outils et quelques autres objets.