porta quelques jours, et il refusa ensuite d’en faire usage. Cet exemple et celui du Taïtien qui avait été à Lima prouvent bien la force de l’habitude, qui ramène l’homme aux manières et aux coutumes qu’il a prises dans son enfance, et que le hasard est venu interrompre. Je suis tenté de croire qu’O-maï lui-même, malgré le changement absolu que semblaient avoir produit sur lui les mœurs anglaises, ne tardera pas à reprendre les vêtemens de son pays, ainsi qu’Hité-hité et le Taïtien conduit au Pérou par les Espagnols.
» Le 27, au matin, un homme arrivé d’Oheitepeha nous dit que deux vaisseaux espagnols mouillaient depuis vingt-quatre heures dans cette baie ; et pour ne laisser aucun doute sur la vérité du fait, il montra un morceau de gros drap bleu, qu’il assurait avoir reçu de l’un de ces bâtimens : le morceau d’étoffe était en effet presque neuf. Il ajouta que Matima montait l’un des vaisseaux qui devaient se rendre à Matavaï dans un jour ou deux. D’autres circonstances qu’il indiqua rendaient sa nouvelle très-vraisemblable. J’ordonnai au lieutenant Williamson de prendre un canot et d’aller examiner la baie d’Oheitepeha. Sur ces entrefaites, je mis les vaisseaux en état de se défendre : quoique l’Angleterre et l’Espagne fussent en paix à mon départ d’Europe, je sentis que la guerre pouvait s’être déclarée depuis. Des recherches ultérieures me donnèrent lieu de croire que le récit de l’arrivée des Espagnols était