pays pour y changer quatre haches contre des curiosités ; l’insulaire chargé de ces haches profita d’un instant favorable pour emporter des outils si précieux. Telle fut la cause de la retraite brusque de ses compatriotes ; O-tou lui-même et toute sa famille se joignirent aux fuyards ; je les suivis deux ou trois milles, et j’eus bien de la peine à les arrêter. Afin d’engager mes gens à se tenir désormais mieux sur leurs gardes, je résolus de ne faire aucune démarche pour la restitution des haches, et il me fut moins difficile de ramener les Taïtiens et de rétablir la tranquillité.
» Jusqu’ici O-tou et ses sujets ne s’étaient occupés que de nous ; mais des messagers d’Eimeo, ou, comme le disent plus souvent les naturels, de Moréa, qui arrivèrent le lendemain, leur donnèrent d’autres occupations ; ils apprirent que les habitans de cette île étaient en armes, que les partisans d’O-tou avaient été battus et obligés de se retirer dans les montagnes. La querelle, qui commença en 1774 entre les deux îles, ainsi que je l’ai dit dans la relation de mon second voyage, semble avoir toujours subsisté depuis. L’armement formidable que je vis alors, et que j’ai décrit ailleurs, mit à la voile peu de temps après mon départ de Taïti ; mais les habitans d’Eimeo firent une résistance si opiniâtre, que l’escadre revint sans avoir obtenu de succès décisif ; une autre expédition était devenue nécessaire.
» Tous les chefs qui se trouvaient à Matavaï