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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/30

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s’assemblèrent à la maison d’O-tou, où j’étais alors, et j’eus l’honneur d’être admis à leur conseil. L’un des députés exposa dans un long discours le sujet de la délibération. Je ne compris guère que les articles principaux de sa harangue : il décrivit la position des affaires à Eimeo, et invita les chefs de Taïti à se réunir et à prendre les armes. Cet avis fut combattu par d’autres orateurs, qui voulaient attendre que l’ennemi commençât les hostilités : il régna d’abord beaucoup d’ordre dans le débat, et les conseillers ne parlèrent que l’un après l’autre. L’assemblée devint ensuite orageuse, et je crus qu’elle se terminerait par des violences, comme les diètes de Pologne ; mais les grands personnages qui s’étaient échauffés si brusquement se calmèrent de même, et le bon ordre se rétablit bientôt. La faction qui désirait la guerre l’emporta enfin ; il fut décidé qu’ils enverraient un armement considérable au secours de leurs amis d’Eimeo : cette résolution fut loin d’obtenir l’unanimité des suffrages. O-tou garda le silence durant tout le débat, et dit seulement par intervalles un mot ou deux aux orateurs. Les membres du conseil qui opinaient pour la guerre me pressèrent de les aider avec les forces qui se trouvaient en ma puissance, et ils voulurent tous savoir le parti que je prendrais. J’envoyai chercher O-maï, afin d’avoir un interprète ; mais on ne le rencontra point, et je fus obligé de m’expliquer moi-même : je leur dis le plus clairement que je pus que, ne con-