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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/32

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envoyé contre Eimeo en 1774, n’étant pas en ce moment à Matavaï, n’assista à aucune des délibérations : il me parut cependant qu’il se mêlait beaucoup de ce qui se passait, et qu’il montrait encore plus d’ardeur que les autres chefs ; car le premier septembre, dès le grand matin, il fit dire à O-tou, par un messager, qu’il venait de tuer un homme pour l’offrir en sacrifice à l’éatoua et implorer l’assistance du dieu contre Eimeo. Ce sacrifice devait avoir lieu dans le grand moraï d’Attahourou, et je jugeai que la présence d’O-tou était absolument nécessaire en cette occasion.

» M. de Bougainville avait déjà dit, sur le témoignage du Taïtien qu’il amena en France, que les sacrifices humains font partie des institutions religieuses de cette île. Les recherches dont je m’occupai en 1774 et mes conversations avec O-maï ne me donnaient que trop lieu de penser qu’un usage si contraire à l’humanité y est établi : mais comme on veut toujours douter d’une coutume si atroce, à moins qu’un voyageur n’en ait été le témoin oculaire, je résolus de profiter de l’occasion, et, afin de dissiper toutes les incertitudes, d’assister moi-même à cette barbare cérémonie. Je priai donc O-tou de me permettre de l’accompagner ; il y consentit volontiers, et nous nous embarquâmes tout de suite dans mon canot avec mon vieil ami Potatou, M. Anderson et M. Webber : O-maï suivait sur une pirogue.

» Nous descendîmes pendant la route sur une