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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/48

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des points les plus importans de leurs cérémonies religieuses. Nous avons su en effet, de manière à n’en pouvoir douter, que les habitans des îles des Amis sacrifient des hommes à leurs dieux. En décrivant la fête (natché) dont nous fûmes témoins à Tongatabou, j’ai dit que les insulaires, nous parlant de la suite de cette fête, nous assurèrent qu’on immolerait dix victimes humaines, d’où l’on peut se former une idée de la multitude de leurs massacres religieux. Nous jugeâmes que les Taïtiens ne sacrifient jamais plus d’une personne à la fois ; mais il est au moins probable que ces sacrifices reviennent souvent, et qu’ils enlèvent une foule d’individus ; car je comptai jusqu’à quarante-neuf crânes exposés devant le moraï : ces crânes n’avaient encore éprouvé qu’une légère altération, et il est clair qu’on avait immolé quarante-neuf personnes sur cet autel de sang depuis un temps peu considérable.

» Rien ne peut sans doute affaiblir l’horreur qu’inspire une pareille coutume ; mais ses funestes effets se trouveraient diminués à quelques égards, si elle contenait la multitude en lui donnant du respect pour la divinité ou pour la religion du pays. Elle est si loin de produire ce faible avantage, que la foule nombreuse assemblée au moraï lors du sacrifice auquel nous assistâmes ne parut point du tout pénétrée de ce que firent ou dirent les prêtres durant la cérémonie. On l’avait déjà commencée quand O-maï arriva, et la plupart des