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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/49

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spectateurs se précipitèrent autour de lui ; ils ne songèrent qu’à lui demander le récit de quelques-unes de ses aventures ; ils l’écoutèrent avec une attention extrême, et ils ne s’occupèrent plus du sacrifice. Les prêtres eux-mêmes, trop habitués à de pareilles scènes, ou ayant trop peu de confiance à l’efficacité de leurs rites ne prirent point cette gravité imposante nécessaire pour donner du poids aux cérémonies religieuses ; j’en excepte néanmoins celui qui répétait les principales prières. Ils avaient l’habit ordinaire des naturels, et causaient entre eux sans le moindre scrupule. Ils interposèrent, il est vrai, leur autorité afin d’empêcher la populace de venir à l’endroit où se passaient les cérémonies, et afin de nous rapprocher davantage du lieu de la scène, parce que nous étions étrangers ; mais ils n’imaginèrent rien autre chose pour conserver un air de décence. Ils répondirent d’ailleurs d’une manière très-franche aux questions que nous leur fîmes sur cette institution. Lorsque je les priai de m’en expliquer le but, ils me dirent que c’était une vieille coutume ; qu’elle était agréable à leur dieu, qui aimait les victimes humaines, ou, selon leur expression, qui s’en nourrissait ; qu’après une pareille cérémonie, ils en obtenaient ce qu’ils voulaient. Je ne manquai pas de répliquer que leur dieu ne pouvait manger les victimes, puisqu’ils ne le voyaient pas, et que les corps des animaux demeuraient long-temps intacts ; qu’en enter-