accident qui me donna beaucoup d’inquiétude ne le permit pas. Nous avions envoyé nos chèvres à terre, où nous les laissions paître pendant le jour : deux de nos gens les gardaient, et cependant les naturels parvinrent à en voler une. La perte n’eût pas été bien importante, si je n’avais pas eu le dessein d’enrichir d’autres îles de cette espèce de quadrupèdes ; mais comme je tenais beaucoup à ce projet, il était indispensable d’employer tous les moyens possibles pour obtenir la restitution de la chèvre. Nous apprîmes le lendemain qu’on l’avait conduite à l’habitation du chef Maheiné, qui se trouvait alors au havre de Paroaouroah. Deux vieillards me proposèrent de servir de guides à ceux de mes gens que je voudrais y envoyer. J’ordonnai à un détachement de monter un canot, et d’aller dire à Maheiné que je me vengerais, s’il ne livrait pas tout de suite la chèvre et le voleur.
» Ce chef m’avait supplié la veille de lui donner deux chèvres ; mais ne pouvant le satisfaire qu’aux dépens des autres îles, qui n’auraient peut-être plus d’occasion de se procurer une race d’animaux aussi utiles, et sachant d’ailleurs qu’il y en avait déjà à Eimeo, je lui refusai ce qu’il me demandait : cependant, pour lui montrer que je désirais seconder ses vues à cet égard, je chargeai Tidoua, chef taïtien, qui était présent, de prier O-tou de ma part d’envoyer deux chèvres à Maheiné ; et afin que ma sollicitation eût plus de succès, je lui remis