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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/95

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une grosse touffe de plumes rouges de la valeur de deux chèvres, en lui recommandant de la donner au roi. Je crus que cet arrangement satisferait Maheiné et tous les chefs de l’île ; mais l’événement m’apprit que je m’étais trompé.

» Ne croyant pas que les insulaires eussent la hardiesse de voler une seconde chèvre tandis que je prenais des mesures pour recouvrer la première, on mena paître notre petit troupeau comme à l’ordinaire : le soir, comme nos gens l’embarquèrent pour le ramener à bord, les insulaires enlevèrent une chèvre sans être découverts. Nous nous en aperçûmes tout de suite : on n’avait pas eu assez de temps pour la conduire bien loin, et je crus que je la recouvrerais sans peine. Dix ou douze des naturels partirent bientôt après par différentes routes, afin de la chercher et de nous la rendre ; aucun d’eux ne voulait convenir qu’on l’eût volée : ils s’efforçaient, au contraire, de nous persuader qu’elle s’était égarée dans les bois. J’avoue que je le crus d’abord ; mais voyant qu’aucun des émissaires ne revenait, je reconnus bientôt mon erreur : les insulaires cherchèrent à m’amuser jusqu’à ce que leur proie ne fût plus à notre portée. Sur ces entrefaites, mon canot arriva avec l’autre chèvre, et l’un des hommes qui me l’avaient dérobée. C’est la première fois qu’on me livrait un voleur sur ces îles.

» Je m’aperçus le 8 que la plupart des insulaires établis autour de nous s’étaient éloignés ;