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La langue du pays de Cestre est la plus difficile de toute la côte ; ce qui réduit les Européens à la nécessité de faire le commerce par signes. Les Nègres excellent dans cet art. Ils ont conservé néanmoins quantité de mots français qui leur ont été transmis par leurs ancêtres, mais aussi défigurés qu’on peut se l’imaginer. Ils ont appris des Français l’art de tremper le fer et l’acier, ou plutôt ils l’ont porté à une perfection dont les Européens n’approchaient point encore il y a vingt ans[1]. Les marchands de l’Europe qui trafiquent sur cette côte ne manquent jamais de faire donner leur trempe aux ciseaux dont on se sert pour couper les barres de fer.

Le canton de Cestre produit une si grande abondance de riz, que le plus gros bâtiment peut en faire promptement ses cargaisons à deux liards la livre ; mais il n’est pas si blanc ni si doux que celui de Milan et de Vérone. Les habitans les plus distingués en font un commerce continuel, auquel ils joignent celui de la malaguette et des dents d’éléphans. Quoique ïa dernière de ces trois marchandises soit assez rare, elle est néanmoins d’une fort bonne qualité ; mais le prix n’en est pas réglé, parce qu’il n’y a point de comptoir fixe dans le pays. La malaguette est à si bon marché, que cinquante livres ne reviennent qu’à cinq sous en marchandises.

  1. On sait à quelle perfection les Anglais et les Français ont porté cet art aujourd’hui.