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qu’il ne leur nuise. La plupart ayant des tuyaux de cinq ou six pieds de long, les vapeurs les plus infectes peuvent perdre une partie de leur force dans ce passage. La tête des pipes est un vaisseau de pierre ou de terre qui contient deux ou trois poignées de tabac. Les Nègres qui vivent parmi les Européens ont du tabac du Brésil, qui vaut un peu mieux, quoiqu’il soit fort puant. La passion des deux sexes est égale pour le tabac ; ils se retrancheraient jusqu’au nécessaire pour se procurer cette consolation dans leur misère ; ce qui augmente tellement le prix du tabac, que pour une brasse portugaise, c’est-à-dire pour moins d’une livre, ils donnent quelquefois jusqu’à cinq schellings (six francs). La feuille de tabac croît ici sur une plante de deux pieds de haut. Elle est longue de deux ou trois paumes sur une de largeur ; sa fleur est une petite cloche qui se change en semence dans sa maturité.

On voit ici, dans plusieurs cantons, une sorte de gingembre qui s’élève de deux ou trois palmes. Le gingembre transplanté croît facilement dans tous les lieux chauds. Celui que la nature produit d’elle-même a peu de force ; cependant il diffère en bonté, suivant l’exposition du lieu. Le meilleur vient du Brésil et de Saint-Domingue : on estime beaucoup moins celui de San-Thomé et du cap Vert.

Les Nègres ont tant de passion pour l’ail, qu’ils l’achètent à toute sorte de prix. Barbot