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loupe et pour abandonner tous les autres à leur mauvais sort, ce qui aurait causé nécessairement la perte du vaisseau, parce qu’il ne serait pas resté assez de bras pour la pompe. Au milieu de ce trouble, tous les animaux étrangers qu’on transportait en Europe moururent faute de soins et de nourriture.

Le 16, trois matelots qui avaient travaillé à la pompe depuis quatre heures jusqu’à huit, tombèrent évanouis et furent emportés comme morts. Cet accident ayant fait sonner plus tôt la cloche pour appeler ceux qui devaient succéder au travail, l’horreur et la consternation parurent se répandre sur tous les visages. Cependant, comme Smith avait fait préparer un fort bon déjeuner, on se mit à manger autant que la crainte pouvait laisser d’appétit, lorsqu’un des matelots de la pompe se mit à crier de toute sa force, terre, terre ! courant et sautant comme un insensé dans le transport de sa joie. Tout le monde abandonna les alimens pour satisfaire une curiosité beaucoup plus pressante que la faim. On découvrit en effet la terre, qu’on reconnut aussitôt pour l’île de la Barbade. Ceux qui se sont trouvés dans une situation semblable assurent que le moment où l’on revoit la terre produit une espèce de délire dont il est impossible de se former une idée. Le même jour on jeta l’ancre dans la baie de Carlisle.

Pendant les jours suivans on se hâta de décharger toutes les marchandises du vaisseau