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était témoin de cette conversation, assura Bosman qu’un de ses vice-rois avait repoussé un puissant ennemi sans autre secours que ses fils et ses petits-fils, avec tous ses esclaves, et que cette famille était composée de deux mille hommes, au nombre desquels il ne comptait ni les filles ni plusieurs enfans morts. Cela rappelle les guerres de famille entre les patriarches. Il n ne faut pas s’étonner que le pays soit si peuplé, et qu’il en sorte annuellement un si grand nombre d’esclaves.

D’ailleurs les richesses consistent dans la multitude des enfans ; mais les pères en disposent à leur gré, et, ne réservant quelquefois que l’aîné des mâles, ils vendent tout le reste pour l’esclavage : un royaume de si peu d’étendue fournit tous les mois un millier d’esclaves au marché.

La circoncision des enfans est une pratique établie dans cette contrée, sans que les habitans en puissent apporter d’autre raison que l’usage de leurs pères, dont ils en ont reçu l’exemple : on soumet même quelques filles à cette cérémonie sanglante.

À la mort de son père, l’aîné des fils hérite non-seulement de tous ses biens et de ses bestiaux, mais même de ses femmes, avec lesquelles il commence aussitôt à vivre en qualité de mari ; sa mère seule est exceptée ; elle devient maîtresse d’elle-même, dans un logement séparé, avec un fonds réglé pour sa subsistance ; cet usage n’est pas moins établi