Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/238

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trier est puni par la mort du meurtrier, et la mutilation par la perte du même membre. À force de sollicitations, on obtient quelquefois du roi le changement du dernier supplice en un bannissement.

Le royaume est héréditaire, et passe toujours à l’aîné des fils, à moins que, par des raisons essentielles d’état, les grands ne se croient obligés de choisir un de ses frères, comme on en vit l’exemple en 1725.

Une autre loi, qui n’est pas moins inviolable, c’est qu’aussitôt que le successeur est né, les grands le transportent dans la province de Zinghé, sur la frontière du royaume, à l’ouest, pour y être élevé comme un simple particulier, sans aucune connaissance de son rang et des droits de sa naissance, et sans recevoir les instructions qui conviennent au gouvernement. Personne n’a la liberté de le visiter ni de recevoir ses visites. Ceux qui sont chargés de sa conduite n’ignorent pas qu’il est fils de roi ; mais ils sont obligés sous peine de mort de ne lui en rien apprendre, et de le traiter comme un de leurs enfans. Le roi qui occupait ie trône du temps de Desmarchais gardait les pourceaux du Nègre qu’il prenait pour son père lorsque les grands vinrent le reconnaître pour leur souverain après la mort de son prédécesseur. Il ne faut pas chercher les motifs de cette éducation dans des considérations morales qui sont fort loin des Nègres. Comme ce jeune prince se trouve appelé au gouvernement d’un