Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les habits de sa majesté, parce que ce mulâtre est tailleur. Ainsi, l’on peut compter que les tailleurs, les charpentiers, les serruriers ou tous autres artisans libres qui voudraient se rendre ici, seraient reçus avec beaucoup de caresses, et feraient bientôt une grosse fortune ; car le roi paie magnifiquement ceux qui travaillent pour lui.

» L’arrivée de quelque ouvrier serait donc un excellent moyen pour obtenir ma liberté, en y joignant la promesse d’entretenir avec lui un commerce réglé ; mais, étant persuadé que les blancs contribuent ici à sa grandeur, il m’objecte à tout moment que, s’il me laisse partir, il n’y a pas d’apparence qu’il en revoie jamais d’autres. Il faudrait engager quelqu’un à faire le voyage pour retourner presque aussitôt. Cette seule démarche persuaderait au roi qu’il verrait d’autres blancs dans la suite ; et je suis presque sûr qu’il m’accorderait la permission de partir pour hâter ceux qui viendraient après moi. Si Henri Touch, mon valet, était encore à Juida, et qu’il fût disposé à se rendre ici, il y trouverait plus d’avantage qu’il ne peut se le figurer. Il est jeune ; le roi prendrait infailliblement de l’affection pour lui. Quoique je ne rende aucun service à ce prince, il m’a donné une maison, avec une douzaine de domestiques de l’un et de l’autre sexe, et des revenus fixes pour mon entretien. Si j’aimais l’eau-de-vie, je me tuerais en peu de temps, car on m’en fournit en abondance. Le sucre,