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gent de chair. L’usage des Nègres qui traversent les forêts est d’y allumer des feux pendant la nuit. Ils remarquent que le matin, à leur départ, les pongos prennent leur place autour du feu, et ne se retirent point qu’il ne soit éteint ; car, avec beaucoup d’adresse, ils n’ont point assez de sens pour l’entretenir en y apportant du bois.

Ils marchent quelquefois en troupes, et tuent les Nègres qui traversent les forêts. Ils fondent même sur les éléphans qui viennent paître dans les lieux qu’ils habitent, et les incommodent si fort à coups de poings ou de bâtons, qu’ils les forcent à prendre la fuite en poussant des cris. On ne prend jamais de pongos adultes, parce qu’ils sont si robustes, que dix hommes ne suffiraient pas pour les arrêter. Mais les Nègres en prennent quantité de jeunes, après avoir tué la mère, au corps de laquelle ils s’attachent fortement. Lorsqu’un de ces animaux meurt, les autres couvrent son corps d’un amas de branches et de feuillages. Purchass ajoute, en forme de note, que, dans les conversations qu’il avait eues avec Battel, il avait appris de lui-même qu’un pongo lui enleva un petit Nègre, qui passa un mois entier dans la société de ces animaux ; car ils ne font, dit-il, aucun mal aux hommes qu’ils surprennent. Mais comment accorder cette observation de Purchass avec ce qu’on vient de dire d’après d’autres voyageurs, que les pongos attaquent les Nègres dans les forêts ? Ne faut-il pas en