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devant les yeux le plaisir et l’avantage qu’on tire de l’industrie, il n’y a que l’extrême nécessité qui puisse les réduire au travail. La contrainte ne leur cause pas moins d’horreur, c’est-à-dire que, si la nécessité les force de travailler, ils sont dociles, soumis et fidèles ; mais, lorsqu’ils croient avoir assez fait pour satisfaire à leurs besoins présens , ils deviennent sourds à toutes sortes de prières et d’instances, et rien n’a la force de leur faire surmonter leur indolence naturelle. Un autre vice des Hottentots est l’ivrognerie. Qu’on leur donne de l’eau-de-vie et du tabac, ils boiront jusqu’à ne pouvoir se soutenir, ils fumeront jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus voir, ils hurleront jusqu’à ce qu’ils aient perdu la voix. Les femmes ne sont pas moins livrées que les hommes à cet excès d’intempérance ; mais elles sont plus long-temps à s’enivrer, et, dans les vapeurs de l’ivresse, elles poussent la folie jusqu’au transport. Cette passion désordonnée pour les liqueurs, n’empêche pas qu’on ne puisse en confier à leur garde, car elles n’y toucheront jamais sans une permission formelle ; exemple de fidélité qu’on ne trouvera guère dans tout autre pays. D’ailleurs l’ivrognerie n’est point accompagnée, chez les Hottentots, d’une foule d’autres vices qui en sont inséparables en Europe, tels que l’immodestie et l’incontinence. Ses plus fâcheux excès sont leurs querelles, qui finissent quelquefois par des coups.

On leur reprocha avec raison un usage qui