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blesse la nature, et qui semble appartenir particulièrement à leur nation. Après la cérémonie qui constitue les Hottentots dans la qualité d’homme, ils peuvent sans scandale maltraiter et battre leurs mères : c’est un honneur pour eux de ne pas les ménager ; et loin de s’en plaindre, les femmes approuvent elles-mêmes cette insolence. Si l’on entreprend de faire sentir aux anciens l’absurdité d’une si odieuse pratique, ils croient résoudre la difficulté en répondant que c’est l’usage des Hottentots.

La coutume d’immoler leurs enfans et leurs vieillards doit paraître encore plus barbare ; mais elle n’est pas plus propre aux Hottentots qu’à d’autres nations de l’Afrique et de l’Asie. Sur la première de ces deux barbaries qui déshonore aussi la Chine et le Japon, les Hottentots n’assignent que l’usage pour leur justification ; mais s’il est question de leurs vieillards, ils prétendent que c’est un acte d’humanité, et qu’à cet âge il vaut bien mieux sortir des misères de la vie par la main de ses amis et de ses parens que de mourir de faim dans une hutte ou de devenir la proie des bêtes féroces.

Au reste, leurs vertus paraissent surpasser leurs vices : ce sont la bienveillance, l’amitié et l’hospitalité. Les Hottentots ne respirent que la bonté et l’envie de s’obliger mutuellement ; ils en cherchent continuellement l’occasion. Quelqu’un implore-t-il leur assistance,