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DES VOYAGES

brandissant son arme pour le défier, et le menaçant de lui jeter sa pierre. Le capitaine lui dit de finir ; mais l’insulaire continuant ses gestes insolens, notre capitaine irrité lui tira un coup de petit plomb. L’insulaire était revêtu d’une natte que le plomb ne put pénétrer, ce qui ne fit qu’aigrir et encourager la foule. On jeta plusieurs pierres aux soldats de marine, et l’un des éris essaya de poignarder M. Philips ; mais il n’en vint pas à bout, et il reçut un coup de crosse de fusil. Le capitaine tira alors le second coup de fusil chargé à balle, et tua celui des naturels qui était le plus avancé. Aussitôt les insulaires formèrent une attaque générale à coups de pierre, et les soldats de marine, ainsi que les matelots qui étaient dans les canots, leur répondirent par une décharge de mousqueterie. À notre grande surprise, les insulaires. soutinrent le feu avec beaucoup de fermeté ; et, avant que les soldats de marine eussent le temps de recharger, se précipitèrent sur eux en poussant des cris et des hurlemens terribles. Alors commença une scène d’horreur et de confusion.

» Quatre des soldats de marine furent coupés dans leur retraite au milieu des rochers, et immolés à la fureur de l’ennemi ; trois autres furent blessés très-dangereusement : le lieutenant, blessé aussi entre les deux épaules, d’un coup de pahoua, avait par bonheur réservé son feu ; il tua l’homme qui venait de le blesser, lorsque celui-ci se disposait à lui porter un se-

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