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jour on en coupe un petit morceau vers le bout, et la liqueur en tombe. À mesure qu’il mûrit et qu’il se fane, il en croît d’autres plus bas chaque année, jusqu’à ce qu’ils gagnent la tête des branches ; mais alors l’arbre cesse de porter, et meurt après avoir subsisté huit ou dix ans. Ses feuilles ressemblent à celles du cocotier, et tiennent à une écorce fort dure et pleine de filets, dont on se sert pour faire des cordes. Elles tombent pendant tout le temps qu’il croît ; mais, lorsqu’il est arrivé à sa grosseur, elles demeurent plusieurs années sur l’arbre sans tomber ; et lorsqu’elles tombent, la nature ne lui en rend pas d’autres. Son bois, qui n’a pas plus de trois pouces d’épaisseur, sert comme d’enveloppe à une moelle fort blanche. Il est fort dur et fort lourd, mais sujet à se fendre de lui-même. La couleur en est noire. On le croirait composé de pièces de rapport. Les insulaires en font des pilons pour battre le riz.

Le troisième arbre est celui qui porte la cannelle, et qui rend l’île de Ceylan si chère aux Hollandais. On le nomme, dans le pays, goronda-gouhah. Il croît dans les bois comme les autres arbres ; et, ce qui doit paraître surprenant, les Chingulais n’en font pas plus de cas. On en trouve beaucoup dans diverses parties de l’île, surtout à l’ouest de la grande montagne de Mavelagongue, fort peu dans d’autres, et quelques-unes n’en portent pas du tout. L’arbre est d’une grandeur médiocre. Son