son mari, qui, s’étant saisi du coupable, l’amenait lui-même en justice, où il fut condamné à recevoir sur ses épaules trente coups de rotang[1]. Aussitôt il fut conduit hors de la salle par l’exécuteur, qui commençait à lever le bras ; mais, entrant alors en capitulation pour éviter le supplice, il proposa six mazes. L’exécuteur en demanda quarante ; et, le voyant incertain, il lui donna un coup si rude, que le marché fut bientôt à vingt mazes. La sentence n’en fut pas moins exécutée, mais avec tant de douceur, que le rotang ne faisait que toucher aux habits. Cette capitulation s’était faite à la vue du juge et de ses assesseurs, qui ne s’y étaient pas opposés ; et le coupable, demeurant libre après l’exécution, se mêla tranquillement parmi les spectateurs pour entendre le jugement de quelque autre cause. Beaulieu apprit de son interprète que c’était l’usage commun ; mais que celui qui avait payé les vingt mazes était sans doute un homme riche, et que ceux qui l’étaient moins aimaient mieux subir la punition que de s’en exempter à prix d’argent. Le roi ne laissant guère passer de jour sans quelque exécution sanglante, telle que de faire couper le nez, crever les yeux, châtrer, couper les pieds, les poings ou les oreilles, les exécuteurs demandaient aux coupables combien ils voulaient donner pour être châtrés proprement, pour avoir le nez ou le poing
- ↑ Plante chinoise très-menue, mais très-dure, dont on se sert comme d’un bâton.