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leurs des Indes. La plante du poivre de Java s’attache et croît le long de certains gros roseaux, que les habitans de l’île nomment bambous[1], au dedans desquels on prétend que se trouve le tabaxir, nommé par les Portugais sacar ou sucre de bambou. Ce qu’il y a d’étrange, c’est que les bambous de Java n’ont pas de tabaxir, quoiqu’il s’en trouve dans ceux qui croissent sur toute la côte de Malabar, sur la côte de Coromandel, à Bisnagar et à Malacca. Ce sucre, qui n’est qu’une sorte de sucre blanc, semblable à du lait caillé, est néanmoins si estimé des Arabes et des Perses, qu’ils rachètent au poids de l’argent ; mais le détail de ses vertus appartient à l’histoire naturelle des Indes.

Le fruit que les Malais appellent durion, et que les Portugais ont voulu faire passer pour une production particulière de Malacca et des lieux voisins, est plus parfait dans l’île de Java que dans aucun autre lieu. L’arbre qui le porte se nomme batan ; il est aussi grand que les plus grands pommiers. Le fruit est de la blancheur du lait, de la grosseur d’un œuf de poule, et d’un goût qui surpasse en bonté la gelée de riz, de blanc de chapon, et d’eau rose, qui se nomme en Espagne mangaz-blanco ou blanc-manger. C’est un des meilleurs, des plus sains et des plus agréables fruits des Indes. On parle avec admiration de l’inimitié qui se trouve entre le durion et le bétel. Qu’on mette

  1. Le bambou.