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nais donnent cinq ou six quintaux du leur pour une livre de celui de Bornéo, et que les Chinois, qui le regardent comme le premier des remèdes, l’achètent jusqu’à huit cents francs la livre. Les Gentous se servent, dans tout l’Orient, de camphre commun pour des feux d’artifice, et les mahométans le mettent dans la bouche de leurs morts lorsqu’ils les enterrent.

» Les Portugais cherchèrent, vers l’an 1526, à s’établir à Bornéo. Trop faibles pour s’y faire respecter par les armes, ils imaginèrent de gagner la bienveillance d’un des souverains du pays, en lui offrant quelques pièces de tapisserie. Ce prince imbécile prit les figures qu’elles représentaient pour des hommes enchantés qui l’étrangleraient durant la nuit, s’il les admettait auprès de sa personne. Les explications qu’on donna pour dissiper ces vaines terreurs ne le rassurèrent pas, et il refusa opiniâtrement de recevoir ces présens dans son palais et d’admettre dans sa capitale ceux qui les avaient apportés.

» Ces navigateurs furent pourtant reçus dans la suite ; mais ce fut pour leur malheur ; ils furent tous massacrés. Un comptoir, que les Anglais y formèrent quelques années après, eut la même destinée. Les Hollandais, qui n’avaient pas été mieux traités, reparurent en 1748 avec une escadre. Quoique très-faibles, elle en imposa tellement au prince, qui possède seul le poivre, qu’il se détermina à leur en accorder le commerce exclusif. Seulement il lui fut